- simuler
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• XIVe; lat. simulare1 ♦ Dr. Faire paraître comme réel, effectif (ce qui ne l'est pas). Simuler une vente, une donation.♢ Donner pour réel en imitant l'apparence de (la chose à laquelle on veut faire croire). ⇒ 1. affecter, feindre, jouer, singer. Simuler un sentiment, une maladie. « Elles simuleront l'ivresse de la passion, si elles ont un grand intérêt à vous tromper » (Diderot). « des affections faciles à simuler — céphalées, courbatures — » (Echenoz). — Vieilli « Il simula n'avoir point écouté » (Maupassant)(cf. Faire semblant). « Toute sa vie elle avait simulé d'être malade » (Drieu la Rochelle).♢ (1964) Techn. Représenter artificiellement (un fonctionnement réel) (⇒ simulateur, 2 o ; émuler). — Ingén. Reproduire à l'aide d'un système informatique les caractéristiques et l'évolution de (un processus). ⇒ modéliser.2 ♦ (1819) (Choses) Avoir l'apparence de. Des cannelures rondes « simulent les plis d'une étoffe » (Loti).⊗ CONTR. Éprouver.Synonymes :- affecter- feindre- jouerLittéraire. Offrir l'apparence de quelque chose, lui ressemblerSynonymes :- imiter- représenter- semblersimulerv. tr.d1./d Feindre. Simuler la folie.d2./d TECH Procéder à la simulation de. Simuler un vol spatial.⇒SIMULER, verbe trans.A. — [Avec idée de tromperie]1. DR. CIVIL. Déguiser un acte sous l'apparence d'un autre. Simuler une vente, une donation (Ac.).2. [Le suj. désigne un animé]a) Essayer de tromper autrui en imitant l'apparence d'une chose réelle.
) [Le compl. désigne un acte, une intention] Faire semblant de. Synon. contrefaire, feindre. Simuler un départ. Pour disputer la possession d'un fonds, il simulera un combat (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 100). Si vous aimez tant les diamants, j'en ai de bien plus beaux, dessous. Et il simulait de se défaire, ce qui mit les curieuses en fuite (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 90).
) [Le compl. désigne un état affectif, un sentiment] Synon. affecter, feindre. Simuler l'amour, la froideur, la tristesse. Un homme de cette sorte, quand il en a l'habitude peut simuler la plupart des sentiments sans y rien mettre de sincère, à la façon d'un acteur qui joue son rôle et fait passer des frissons dans notre moelle, cependant que lui-même pense à la boucle de son pantalon (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1899, p. 143). Il est si difficile de simuler la colère sans l'éprouver quelque peu (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 140).
— Empl. abs. Le courtisan du jésuite aragonais s'installe (...) résolument dans la peau de son apparence. L'art de sembler glisse dans l'art de simuler (...) l'homme secret et discret ne fait pas que sembler, il fait semblant! (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 14).b) En partic. Imiter un état physique, une maladie que l'on n'a pas, pour se soustraire à une obligation désagréable ou pour en tirer avantage. Synon. contrefaire, feindre, jouer. Simuler la fatigue, une infirmité, un mal de tête; simuler d'être malade. [Duroy] était tellement ému qu'il eut l'idée un moment de simuler une indisposition subite qui lui permettrait de s'en aller (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p. 134). L'enfant bien portant peut simuler la maladie par intérêt (ne pas aller en classe, attirer l'attention et l'affection, etc.) (LAFON 1969).— Empl. abs. Un vieil enfant endolori, qui force un peu son mal et simule afin de sécher le collège (ARNOUX, Double chance, 1958, p. 214).B. — [Sans idée de tromperie]1. Reproduire artificiellement une situation réelle à des fins de démonstration ou d'explication. Synon. représenter. Pour vérifier l'état de leur matériel, les pompiers ont simulé un incendie (Lar. Lang. fr.).— TECHNOL. Représenter artificiellement le fonctionnement réel d'un appareil, d'une machine, d'un système, d'un phénomène à l'aide d'une maquette ou d'un programme informatique. (Dict. XXe s.).2. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Offrir, avoir l'apparence de. Synon. imiter, représenter, ressembler à, sembler. Une coiffure emplumée simulant un nid plein d'oiseaux (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1185). L'inscrustation de deux poiriers enlacés simule une enseigne tout à fait ornementale (PROUST, Temps retr., 1922, p. 713).Prononc. et Orth.:[simyle], (il) simule [-myl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1330 « faire apparaître comme réelle une chose qui ne l'est pas » simuler que boisteus soient (GUILLAUME DE DIGULLEVILLE, Pelerinage vie hum., 9958 ds T.-L.); d'où 1558 simulé part. passé adj. « feint, apparent » Iucundité ... non simulée (RABELAIS, Epistre du Lymosin ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 276); b) av. 1679 dr. simulé « id. » « que l'on feint pour cacher sa véritable intention » (RETZ, Mém., t. II, liv. III, p. 164 ds POUGENS ds LITTRÉ); 1762 simuler une vente, une donation (Ac.); 2. 1819 « (d'une chose) offrir l'apparence de » le râle ... simule le roulement d'un tambour (LAENNEC, Auscult., t. 2, p. 8); 3. a) 1842 « faire le simulacre de » on simulait une petite guerre (REYBAUD, J. Paturot, p. 181); b) 1964 « représenter artificiellement un fonctionnement réel » un mécanisme électronique ... simule le comportement de réflexe conditionné (COUFFIGNAL, Mach. penser, p. 125). Empr. au lat. class. simulare « rendre semblable; feindre », dér. de similis « semblable, pareil ». Fréq. abs. littér.:286. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 163, b) 428; XXe s.: a) 762, b) 386. Bbg. GOHIN 1903, p. 318, 324.simuler [simyle] v. tr.ÉTYM. XIVe; lat. simulare. → Sembler.❖1 Dr. Faire paraître comme réel, effectif (ce qui ne l'est pas). || Simuler une vente, une donation.2 (1375). Donner pour réel, par son comportement, ce qui ne l'est pas (en imitant l'apparence de la chose réelle à laquelle on veut faire croire). ⇒ Affecter (2. Affecter, 4.), contrefaire (2.), feindre, jouer (supra cit. 66); semblant (faire), simulacre. || Simuler la froideur (→ Désaccord, cit. 2), un mal de tête pour s'éclipser (⇒ Prétexter). || Soldat qui simule une maladie (pour « tirer au flanc »). || Simuler l'importance, la distinction (cf. Faire du chiqué).1 Elles simuleront l'ivresse de la passion, si elles ont un grand intérêt à vous tromper; elles l'éprouveront, sans s'oublier.Diderot, Sur les femmes.♦ Suivi d'un infinitif, avec ou sans de.2 Il simula n'avoir point écouté, et continua : — Vous n'avez jamais été aussi jolie qu'aujourd'hui.Maupassant, l'Inutile Beauté, I.3 Toute sa vie elle avait simulé d'être malade.♦ Feindre, imiter (cit. 4) sans vouloir tromper. ⇒ Représenter. — Avoir un comportement consistant à reproduire, à imiter.♦ Didact. Produire une simulation. → Simulation, cit. 2.3 Av. 1850. (Choses). Donner l'impression de…, paraître comme… || Cannelures qui simulent les plis d'une étoffe (→ Godet, cit.; et aussi rugosité, cit. 1).♦ Produire la simulation (4.) de (un processus, un phénomène, un fonctionnement).——————simulé, ée p. p. adj.ÉTYM. (1375, peinture simulée; mil. XVIe en droit).♦ || Vente simulée. — Une gravité simulée (→ Institution, cit. 17). || Une amabilité simulée, de commande. ⇒ Faux. || Coup simulé. ⇒ Feinte. || Réconciliation, paix simulée. ⇒ Plâtré. — Représenté ou imité (sans intention de tromperie). || Ornements simulés (→ Encadrer, cit. 2). ⇒ aussi Postiche. || Arcade, fenêtre simulée, aveugle.4 Les larmes qu'on verse au théâtre sur des maux simulés, qui ne font pas le mal de la réalité cruelle, sont bien douces.Beaumarchais, Un mot sur la Mère coupable.5 (…) de derrière les colonnades simulées, du fond des couloirs postiches ménagés dans le revers des battants (…)Charles Cros, Poèmes, « Le meuble ».❖CONTR. (Du p. p.) Sérieux, vrai.DÉR. (Du même rad.) Simulateur, simulation.
Encyclopédie Universelle. 2012.